C'est une fort belle demeure qui se trouve près du Bois avec ses bow-windows inondés de soleil.
Les rideaux sont ouverts on voit à l'intérieur non pas ce mobilier Art Déco qui est tant à la
mode maintenant mais des cathèdres antiques et des fresques murales qui sont d'un autre temps.
Sur l'une d'elle une
belle coiffée style Renaissance a posé ses deux coudes et semble
lire un livre.
Plutôt un portfolio dont
les illustrations ont fait rosir ses joues ou bien c'est la lumière
trop brûlante pour sa peau de blonde vénitienne.
Ses genoux posent à cru
sur un parquet damier luisant de la lumière à tel point qu'il
renvoie l'image de ses cuissots qu'une chemise de corps ne cache pas
tout à fait.
Le creux poplité gras
entre mollet et cuisse est humide de sueur et les aisselles nues
sous les bretelles tombées sont humectées aussi.
La jeune fille ruisselle
même ses paumes sont moites car les coins du papier transpirent de
leur passage.
Sous la couronne nattée
entourant son grand front des perles mouillées scintillent.
C'est donc une chaleur de
serre qui règne dans ce lieu qui a fait qu'en retrait une autre
fille très jeune enlève son corsage et tende à la lumière ses petits
seins naissants.
Elle est à peine pubère aucune pilosité ne marque
son entre-jambe qu'elle clôt pudiquement de ses jambes serrées.
Son visage de bambine est
poupin mais fermé.
Sa bouche est écarlate et
ses lèvres sont lourdes nulle lumière dans ses yeux qui demeurent
baissés mais leur angle de vision se porte vers la liseuse.
Il y a là un homme qui
demeure dans l'ombre on distingue sa silhouette puis par sa pose on
pense que c'est ce grand mur blanc qu'il observe sans doute.
Ce qu'il doit refléter
n'est ni l'agenouillée qui croise ses jarrets avec nervosité et se
penche bien plus sur les pages équivoques se dénudant d'autant ni
même le buste nu de la petite poupée mais une image lointaine
provenant d'un endroit sombre d'une pièce proche.
Puis le soleil parvient
alors sur la cloison révélant alors selon le stratagème de camera obscura toute la face cachée que cet homme observait.
C'est comme un négatif
devenant positif par le jeu lumineux mais qu'on voit à l'envers sans
mise au point bien sûr.
Dès lors qu'on s'habitue
à l'étrange inversion on prend alors conscience de ce que cette
fille nouvelle est prostrée en levrette et que sa
croupe est nue. On suppose que les bras
s'agitent en tenant un objet de faible dimension dirigé vers ses
reins mais la lenteur des gestes et le flou de l'image ne nous
renseigne pas plus.
Cette scène équivoque ne doit pas cependant être
vue de l'homme seul car les regards des autres peuvent aussi se
conjoindre sur cette cloison claire.
Alors la belle liseuse
peut être perturbée par cette image bizarre et non par les feuillets
immobiles sous ses doigts.
On peut en dire autant pour la gamine
debout ce qui peut tout changer et quant à la raison de son
déshabillage.
Mais s'est-on demandé si
la fille cachée dans la pièce à côté peut observer la salle où
résident les autres car si on l'aperçoit elle doit avoir la
vue. Mentalement on construit
un grand quadrilatère qui rejoint les regards pour en arriver là
mais qui regarde qui?
La liseuse a des gestes
étranges depuis un temps.
Elle aussi en posture
d'une levrette cambrée elle semble repter de bien curieuse manière.
Bien que les hanches
étroites de la poupée debout soient graciles et ses jambes fort
serrées on remarque dans sa pose un mouvement singulier.
Seul l'homme reste
immobile mais il se trouve dans l'ombre et rien n'oblige à croire
qu'il ne soit pas ému.
Et soudain le soleil est
masqué par un arbre.
Le mur redevient mur les
belles rejoignent l'ombre alors l'imaginaire n'a plus de place ici.
Seule demeure une fresque
visible du dehors qui ferait bien penser à un Pisanello et ses
austères visages.
D'ailleurs les belles du lieu donnaient cette
impression.
Pourtant leur frémissement cependant leur chaleur...
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