La Vigne
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Un des derniers textes de
Philippe, |
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Non, ce n'est pas ainsi qu'on peut humer Vouvray, une terre magique, gauloise des premiers jours, du nom de Vobridium. Toute l'âme de la France est nichée en son cœur. Dès que vous quittez Tours, gardez le nez dehors. Déjà les façades d'ocre de Sainte Radegonde fleurent quelque nouveauté. La route de levée chargée d'eau du fleuve blond prend sous les saules blancs de subtiles bouffées d'un air léger de gloire. Rochecorbon crépite de sa sourde lanterne. Moncontour se dresse telle la salamandre du roi François sortie vive de son feu. Vous humez déjà là quelques fragrance
étrange. Vouvray, le nom sonne juste et vrai, révélation qui va
vous être faite. Montez la côte de la Bonne Dame et la route de
Monnaie. Là c'est la Fosse Pellier, un océan de ceps. |
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Humez-vous ce
parfum aux effluves de mer ? Ça sent le sable. D'autres lieux aussi
forts en odeur de terre, mais ma mère est née là et j'en suis
imprégné. Allez dessus la chaintre jusqu'à la prochaine rotte qui va sur le côteau. Vous verrez les jenues de bois sur le tuffeau. Derrière dort le pineau. Fermez les yeux alors ... La senteur monte en vous portée à bout de bras par des milliers d'hotteux allant vers le fouloir. Ce que vous respirez c'est la terre, son sang écoulé de l'enchême dessous la crapaudine et ses moutons posés. Vigne, mère de l'humanité, je puis sentir ton parfum dans
l'église où l'on chantait jadis pour la saint-Vincent. Il réveille
encore des souvenirs d'antan sous le chêne que Sully a dû planter
un jour. "Les mamelles de la France" comme vous disiez jadis,
suintent de bernache , et resjouissent les cuers ! Non, elle n'a pas de fleurs. Pourtant celles des lys que je lui
sens si proche, possèdent dans son symbole, l'argument que souvent
les sculpteurs ont caché de sa feuille ! La source - 2005
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